Sur les territoires difficiles du Plateau de l’Aubrac, du Lévezou, de la Haute Margeride et du Mont Lozère, l’hiver dure longtemps, si bien qu’une activité agricole autre que l’élevage est difficilement envisageable.
Sur ces territoires, les grands espaces s’étalent à perte de vue.
Ils ont évolué au cours des siècles grâce au pâturage et à leur entretien par les paysans. Sans le pâturage des troupeaux de bovins et d’ovins, ces magnifiques prairies seraient remplacées par une forêt sombre et épaisse. La biodiversité en serait alors amoindrie.
Les pelouses naturelles qui sont entretenues par le pâturage sont d’une grande variété florale. En effet, sur une même parcelle on y trouve jusqu’à 200 espèces de végétaux différents.
Nos éleveurs modèlent l’espace de façon raisonnée. Ici, nous pratiquons un élevage extensif qui est à l’opposé du modèle des élevages intensifs industrialisés.
La très grande majorité des parcelles n’est jamais labourée.
Lorsque les terres sont praticables en tracteur, l’éleveur y pratique la fauche pour récolter les fourrages qui serviront de base à l’alimentation du troupeau pour l’hiver.
Les autres, les parcelles plus difficiles, sont consacrées au pâturage. A la belle saison, de grands troupeaux viennent s’y nourrir des fleurs des prairies.
Notre élevage traditionnel présente de nombreux avantages pour la planète :
- les pelouses couvrent toute l’année les sols. Cela les protège de l’érosion. Ils ne sont pas lessivés et l’eau de nos rivières reste pure.
- les prairies naturelles entretenues par notre élevage permettent aussi de lutter efficacement contre le réchauffement climatique, car elles sont des puits de Carbone tout aussi efficaces que les forêts.
Notre élevage est bon pour la Biodiversité
La variété florale de nos pelouses offre un environnement idéal au développement d’un grand nombre d’espèces animales, qui interagissent entre elles. Le pastoralisme permet aussi l’essor d’une population d’insectes particulière et très intéressante : celle des scarabées coprophages.
Ils fragmentent et émiettent les bouses pour se nourrir ou se loger. Les bouses disparaissent ainsi plus rapidement, ce qui aide l’herbe à se régénérer plus vite. Une disparition plus rapide des bouses évite également la prolifération des mouches qui sont souvent vecteurs de maladies.
Ces scarabées très utiles peuvent toutefois se retrouver en danger, si les méthodes d’élevage employées sont inappropriées. En effet, certains traitements antiparasitaires disponibles sur le marché pour protéger les animaux d’élevage peuvent se révéler très toxiques sur ces scarabées. Ils contiennent des molécules toxiques qui peuvent les tuer ou réduire sur le long-terme leur fertilité.
Une situation potentiellement dramatique pour la biodiversité.
Il convient donc d’agir vite pour protéger ces insectes. Surtout que ce problème écotoxique est peu connu des éleveurs et des vétérinaires.
Ces insectes sont très intéressants en termes de biodiversité, car ils constituent un maillon essentiel de la chaine alimentaire pour la faune sauvage présente sur ces territoires.
Ces insectes sont particuliers car ils ne se nourrissent que des déjections des bovins.
Même si la façon de travailler de nos éleveurs est globalement en harmonie avec la nature, nous devons rester vigilants et proactifs afin de faire perdurer les bonnes pratiques et les faire partager par le plus grand nombre. Pour cela, la coopérative CELIA a décidé d’agir afin de préserver nos ressources naturelles, et de le faire savoir.
Nos actions
Tout d’abord, elle a décidé de créer un Groupement d’Intérêt Économique et Environnemental dédié à la Biodiversité, pour mettre en place des actions de sauvegarde des scarabées coprophages.
Afin d’être efficace, la coopérative CELIA a décidé de travailler avec un spécialiste mondialement reconnu de ces scarabées : Jean-Pierre LUMARET, professeur émérite de l’Université de Montpellier.
Un recensement des espèces présentes sur nos territoires a depuis été réalisé. Plusieurs familles de scarabées coprophages ont été découvertes, dont certaines très rares et très sensibles à l’écotoxicité car pondant moins d’une dizaine d’œufs par an !
Convaincus de l’importance du respect de la nature et des animaux, les Administrateurs de la coopérative CELIA ont ensuite décidé de construire une démarche agro-environnementale des fermes axée sur le Bien Etre Animal, le stockage des Gaz à Effet de Serre dans le sol, la Biodiversité végétale et la Biodiversité animale. Les fermes les plus vertueuses sont distinguées par l’adhésion à la démarche agro-environnementale : CELIA Nature & Environnement.
Cette démarche est contrôlée chaque année par un bureau de contrôle, officiel et indépendant.
Languedoc Lozère Viande, filiale viande de la coopérative, commercialise déjà les viandes de qualité des adhérents de la coopérative. Elle commercialisera également les viandes des fermes certifiées CELIA Nature & Environnement.
Une sélection de vidéos, pour en savoir + sur les scarabées coprophages :
Interview de JP LUMARET - professeur émérite Montpellier
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